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Jérôme de Galand, sachant les armées royales et la Cour sur les bords de Loire, avait acquis la certitude que l’Écorcheur appartenait à la Fronde. Voilà qui excluait les Loyalistes – une fort bonne chose pour la politique royale ! – et réduisait le nombre des suspects.

Le policier soupira. L’enquête avançait, certes, mais avec quelle lenteur !

Que savait-il ? En raison du lieu et de l’instant du dernier crime, commis à Paris ou dans les environs, l’Écorcheur était un Frondeur. Premier point. Second point, l’homme qui le servait et qu’on appelait « le cocher », portait nombreuses cicatrices aux avant-bras. Le carrosse maculé de boue s’avérait une piste sans suite – pour le moment – mais en revanche la présence de soufre sur le dernier cadavre ouvrait des perspectives, cette nouveauté rompant avec les habitudes.

Chose fort intéressante mais qu’il fallait différer pour penser à sujet plus urgent.

Méticuleux dans sa pensée, Galand songea que l’Écorcheur, haut seigneur, se trouvait à Paris… tout comme le prince de Condé, revenu depuis trois jours. Mais également d’autres puissants gentilshommes frondeurs tels le duc de Nemours, le duc de Beaufort, le prince de Marsillac, le prince de Conti, le très puissant cardinal de Retz qu’on disait pervers et puis encore…

Il compta sur ses doigts une quinzaine de noms, ne doutant pas un seul instant que l’Écorcheur fût l’un d’eux. Mais lequel ?

Dans tous les cas, l’Écorcheur occupait en la capitale situation de premier plan, ce qui le plaçait, lui, officiellement lieutenant de la police criminelle du châtelet – et pour le roi, général de police du royaume – en position de dépendance.

Étrange situation, où son esprit curieux de paradoxes eût aimé s’attarder : l’assassin commandant le policier lancé à ses trousses pour le démasquer !

Il fallait donc ici grande finesse et habile diplomatie à défaut de quoi l’enquête pourrait lui être ôtée et lui-même destitué. Puis qui sait ? Emprisonné, exilé, assassiné ?

Jérôme de Galand rédigea donc un billet qu’il fit copier en vingt exemplaires à destination des autorités parisiennes et des hautes personnalités.

Il rédigea l’original d’un trait, sans hésitation ni ratures, puis le relut sans y rien modifier :

Monseigneur,

Mon devoir, incommode en cet instant, est de vous informer de la situation en la capitale.

À Paris, en raison des événements actuels, force crimes et délits sont commis chaque jour. Les caimands se multiplient et s’enhardissent, coupe-bourses et tire-laine sont légion, on viole dans les ruelles, les assassins se cachent à peine.

Face à ce fléau, les compagnies d’archers, trois à pied, une à cheval, sont trop sollicitées pour faire face avec bonne mesure à ce péril.

Il m’est difficile, en ces circonstances, de soustraire des archers et des officiers à seule fin de donner la chasse à l’Écorcheur et mon dilemme est de choisir entre la sécurité de quelques-uns, menacés par l’Écorcheur, et de tous, menacés par les voleurs et assassins de plus en plus nombreux.

Mon opinion est que, pour éviter les troubles, il ne faut point mécontenter les bourgeois et le peuple de Paris, et donc assurer la police ordinaire qui donne tranquillité à une population déjà très nerveuse et toujours prête à rejeter sa colère sur l’autorité, si bien que l’affaire de l’Écorcheur devrait attendre période plus calme pour être résolue.

Cependant, monseigneur, je ne puis agir ainsi sans des ordres exprès afin que je diligente la police en le sens de cette exécution.

Monseigneur, votre très humble et très obéissant serviteur,

Baron Jérôme de Galand, lieutenant criminel du Châtelet.

À l’exception d’un membre important du parlement, les dix-neuf autres approuvèrent, certains joignant félicitations pour le sens politique de Galand.

Dix-huit d’entre eux, favorables à la Fronde, souhaitaient simplement qu’on ne donne aucun motif de se plaindre au peuple de Paris, qui appuyait la révolte des princes.

Pour le dix-neuvième, perdu en le nombre, la raison était tout autre et sans doute se réjouissait-il, rassuré, à l’idée que le très fin, très subtil et très méritant Jérôme de Galand n’eût point un instant à consacrer à l’Écorcheur, c’est-à-dire à lui-même.

Quand Ferrière, surpris de ces réponses, lui demanda ce qu’il comptait faire, Jérôme de Galand répondit en souriant :

— Mais démasquer l’Écorcheur !… Je ne lâcherai point cette affaire qu’elle ne soit résolue et le coupable châtié. Maintenant plus que jamais, mais avec discrétion et sans qu’on nous inquiète ou nous soustraie l’affaire.

Vers le soir, ils arrivèrent à Sens où le baron Le Clair de Lafitte, descendant d’un écuyer d’Henri le quatrième, avait fort beau château au milieu de grande forêt.

Peu avant d’y pénétrer, le baron se tourna vers ses amis et, ne semblant point très à l’aise, précisa :

— Mon épouse, la baronne Jeanne, est personne fort gentille, très aimable et en tous points parfaite, comme en l’éducation de mon fils de deux ans… Cependant, elle est accablante avec son incessant babillage au point que je préfère le roulement sinistre des tambours de l’armée du roi d’Espagne !… Aussi, de grâce, ne lui en veuillez point de ce penchant de sa nature et, surtout, évitez de prolonger la conversation car ce serait donner souffle nouveau à son vice, et comprenez que j’ai choisi le métier des armes pour me tenir le plus loin possible de cette créature… adorable !

« L’adorable créature » se montra réservée en faisant visiter les chambres. Elle autorisa en souriant et sans commentaires le comte de Nissac à cueillir une rose en le jardin sous verre afin qu’il l’offrît à madame de Santheuil qui, incontinent, la piqua en sa belle chevelure brune.

Fort soucieuse d’étiquette, la baronne Le Clair de Lafitte installa le comte de Nissac en la place d’honneur : général en l’armée du roi, il était le plus haut en grade. Noble, ses origines remontaient en la nuit des temps.

On servit potage d’oie aux pointes d’asperges et lard, potage aux épinards, hirondelles, perdrix rôties en sauce à l’espagnole et pigeons au basilic, pièces de bœuf, poulets et oies, puis variétés de fromages de la région de Sens.

Certains Foulards Rouges, mais aussi et principalement madame de Santheuil qui ne goûtait point du tout certains préjugés concernant les femmes, commençaient à trouver leur hôtesse des plus charmantes et le baron Melchior Le Clair de Lafitte bien vil calomniateur lorsque, en toute innocence, monsieur le baron de Bois-Brûlé se tourna vers la femme de Melchior :

— Madame, non seulement votre table est une des meilleures du royaume, mais vous l’avez décorée avec grand art… L’éclat de ces fleurs, la nappe finement brodée, la grande beauté de cette vaisselle ancienne… C’est œuvre d’art vivante, que cette table !…

D’un ton réservé, et presque à voix basse, Jeanne Le Clair de Lafitte demanda à son interlocuteur :

— Iriez-vous jusqu’à dire, baron, que je suis une artiste ?

Le baron de Bois-Brûlé distingua bien, à l’autre bout de la table, Melchior qui lui adressait signes nombreux et discrets avec, sur le visage, une étrange expression de désespoir mais il songea que son ami exagérait et, faisant fi des muets avertissements, il répondit avec chaleur et force sourires :

— La chose n’est point douteuse, madame.

Jeanne le regarda avec une profonde sympathie et dit d’une voix où vibrait l’émotion :

— Et le compliment me vient d’un homme qui joua la comédie devant le roi !

Partagé entre la peur de décevoir – il n’avait joué que sur des places publiques en les foires – et un certain orgueil, monsieur de Bois-Brûlé opina vaguement :

— Le roi… Le roi… Était-il là ce soir-là ?… Ce me semble, en effet.

Jeanne jeta un regard glacé à Melchior.

— Entendez-vous cela ?

— Hélas ! maugréa Melchior.

Saisissant la main de monsieur de Bois-Brûlé, Jeanne Le Clair de Lafitte lui adressa un regard tout de bonté retenue :

— Cher ami !… Artiste, moi… mais la chose est d’évidence ! Je chante en pleine nuit répertoire gaillard à y perdre le souffle !… Ah, savez-vous, on n’y résiste pas !… Et je peins !… Je peins des orties, des insectes sauvages et cruels, des chaises percées ricanantes, des pommes pourries, déjections de vaches joufflues, avenants bubons de peste, urines séchant au grand soleil d’août car voyez-vous, je pense que notre peinture est trop précieuse et me veux en avance sur notre temps !… Mes tableaux, on n’y résiste pas !… Mais j’écris aussi !…

— Est-ce possible, madame ? demanda Sébastien de Frontignac, livide.

Rappelant hululement de chouette en état de grande nervosité, la baronne Jeanne partit d’un rire sinistre qui fit écho en les combles et les greniers car, masquant un instant le clair de lune, on vit s’envoler à tire-d’aile et en grande urgence milliers de chauves-souris.

Ignorant l’incident, la baronne reprit :

— Des drames, des comédies, des pièces en vers ! J’aime le comique, et voyez-vous j’ai écrit voici deux ans farce à laquelle âme bien née s’émeut : on n’y résiste pas !… Il s’agit du Cid de monsieur Corneille. Imaginez que dans cette farce, le Cid a… des vers !

Les convives, consternés, se regardèrent avec accablement.

— Vous auriez donc fait cela, madame ? demanda Frontignac qui semblait fasciné.

— Je l’ai pensé, puis je l’ai osé ! Jeune homme, on n’y résiste pas !… À la fameuse réplique : « Rodrigue, as-tu du cœur ?… », mon héros répond : « Et bien autre chose encore, malheureusement ! » en se grattant le derrière mais la cotte de mailles qu’il porte ne lui facilite point la chose et le bruit de ses gants de métal contre la cotte de fer : on n’y résiste pas. Alors il rencontre Chimène qui, fort gênée qu’il se gratte ainsi le derrière devant toute la Cour, lui conseille de prendre médecine mais mon Cid refuse. Savez-vous ce qu’il répond ?

— Je n’ose l’imaginer ! répliqua Frontignac qui croyait vivre fort vilain rêve.

— Mon Cid répond : « Non point, madame, je garde mes petits compagnons ! » On n’y résiste pas !…

Son grand rire sinistre, solitaire et glaçant retentit une fois encore, décidant l’ultime chauve-souris, sans doute fort âgée, à choisir l’exil.

La baronne poursuivit, cette fois d’un ton plus réservé :

— J’ai envoyé mon Cid à monsieur Pierre Corneille.

— Et qu’a répondu le maître ? demanda Maximilien Fervac.

— Il n’a point répondu, troublé, sans doute, d’une telle imagination dont l’origine, sa pièce, n’est qu’un drame de grande banalité.

Brusquement, la baronne Jeanne se frappa le front.

— Je tiens mon œuvre en mon boudoir et vais vous la quérir pour vous en donner lecture. Quatre actes qui passent comme un souffle car…

— … On n’y résiste pas ! coupa Florenty.

— Précisément ! répliqua la baronne en se ruant vers l’escalier de pierre.

L’air grave, Melchior Le Clair de Lafitte se tourna vers ses compagnons :

— Madame, messieurs, officiers du roi ou pas, « Foulards Rouges » ou pas, il est des circonstances où il faut savoir abandonner le champ de bataille et faire retraite en grande hâte.

La débandade fut immédiate.

La pièce tendue de vert tendre, le lit recouvert d’une étoffe de satin bleu brodé d’or et les rideaux de velours d’un vert profond, point de doute, on leur avait attribué la plus belle chambre du château. Précisément, celle qui se trouvait la plus proche, par la vue, d’une grotte étrange creusée voici peu d’où s’écoulait un ruisseau en cascade et l’on eût dit des gouttes de cristal rebondissant sur les roches brunes. L’ensemble faisait songer à une œuvre du grand fontainier Francini.

Le comte de Nissac s’arracha à la contemplation du jardin et, lâchant le rideau, se retourna.

Mathilde lui faisait face, souriante.

Elle avait conservé ses hautes bottes rouges, ses bas, ses jarretières rouges et la rose rouge toujours piquée en ses cheveux noirs, au-dessus de l’oreille gauche.

Ainsi pensait le comte que, lorsque pour faire l’amour, la plupart se mettent nus, à considérer que, l’amour est une fête, il convient de se vêtir pour cette fête de tout ce que l’on dissimule au regard des autres. En quoi il se montrait différent.

Il s’approcha d’elle d’un pas qu’il eût souhaité mesuré mais qui fut proche du pas de charge.

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